la presseLA PÉDIATRE RÉPOND

DRE GAËLLE VEKEMANS COLLABORATION SPÉCIALE

Benjamin a de 0 à 12 mois

Encouragez-le lorsqu’il babille et vocalise : en le regardant dans les yeux, répondez-lui par de courtes phrases, des questions, des chansons. Utilisez les comptines et les jeux de mains pour le garder intéressé. Il finira par vouloir vous imiter. Vous pouvez vous aider de livres, d’images colorées ou de jouets adaptés à son âge. Décrivez-lui ce que vous êtes en train de faire dans votre routine journalière. Vous aurez l’impression de parler tout seul, mais votre petit bonhomme a besoin de « baigner » dans cette communication réciproque pour comprendre les intonations, les mimiques, et finalement les mots de la (ou des) langue utilisée. Mettez de côté le langage « bébé » et celui du prof d’université ; restez simple, et amusez-vous !

Benjamin a 2 ans

La lecture de courtes histoires est un excellent moyen d’attiser son appétit pour le langage. Abusez de votre bibliothèque municipale, les enfants adorent y passer une heure ou deux. Laissez-le jouer au perroquet s’il en a envie, mais ne le forcez pas à répéter, vous risquez de lui clouer le bec. Lorsqu’il vous adresse la parole, regardez-le, montrez de l’intérêt à ses récits… même s’ils vous semblent un peu répétitifs.

Benjamin a 3 ans

À son tour de vous lire une histoire ! Laissez-le fabuler autour des images du livre que vous regardez avec lui. N’ayez pas peur d’utiliser des mots un peu plus complexes. C’est comme dans tout : si l’on n’a jamais vu une asperge, peu de chance qu’on y goûte et qu’on aime ça. Même chose pour les termes moins usuels. C’est aussi le bon moment d’inviter des amis du même âge à la maison afin de le mettre en situation de communication… et – plus compliqué parfois – de partage !

Benjamin a de 4 à 5 ans

Il peut participer à la préparation du programme de la semaine, à la planification des repas et il a droit à son avis… ce qui saura sûrement susciter la discussion ! Encouragez-le à téléphoner à grand-maman ou à son meilleur ami. On répond du mieux qu’on peut aux « pourquoi » et on adore chanter, réciter, compter avec lui.

Mythes et réalités

Démystifions tout de suite quelques légendes urbaines à propos du langage :

  • Le petit filet trop court sous sa langue n’a rien à voir avec le fait que Benjamin soit incompréhensible.
  • Benjamin est le bébé de la famille, et alors ? Ce n’est pas parce que sa grande sœur Béatrice est un véritable moulin à paroles qu’elle « parle pour lui » et l’empêche de développer son langage. Mauvaise excuse.
  • La télévision est tout SAUF un bon outil d’apprentissage du langage. Si vous voulez l’utiliser dans cette optique, restez assis à côté de votre bout de chou et commentez les images ou l’histoire que vous regardez.
  • Les garçons, plus moteurs, parlent beaucoup plus tard que les filles : un peu vrai… d’un gros mois maximum en moyenne !

Quand s’inquiéter

Ouf. Finalement, vous constatez que vous faites plutôt bien les choses dans votre job de parent (petite tape dans le dos). Mais alors, quels sont les signes qui doivent sonner l’alarme ?

Quelques drapeaux rouges :

  • Vous avez l’impression que Benjamin ne réagit pas aux sons.
  • À 6 mois : il ne gazouille que très peu, ou pas du tout.
  • À 9 mois : il ne se retourne pas lorsque vous l’appelez par son prénom, ou ne réagit qu’à peine lorsque vous tentez d’attirer son attention.
  • À 15 mois : Benjamin ne tente de formuler aucun mot, ne jargonne pas ou très peu, n’imite pas ce qu’il entend, ne montre pas du doigt ce qui l’intéresse, ou ne semble pas comprendre de petites consignes simples.
  • À Deux ans et demi : votre coco ne combine pas deux mots pour former une petite phrase ou communique principalement ses besoins par signes.
  • À 3 ans : Benjamin n’a aucun intérêt pour les « petits amis », répète des phrases ou des questions sans but précis ou reste incompréhensible, même pour grand-maman.
  • À 4 ans : les consignes du quotidien restent incomprises. Benjamin n’engage aucune conversation, ne vous pose aucune question, ne fait ni phrase ni conjugaison.
  • À 5 ans : il n’arrive pas à vous relater une suite logique d’évènements ou il s’isole socialement.

Un dernier conseil : rien ne surpasse votre instinct. Vous connaissez Benjamin mieux que quiconque et vos inquiétudes à son sujet méritent d’être discutées. Posez vos questions à votre médecin qui demandera peut-être une évaluation de l’audition de votre petit bonhomme ainsi que l’opinion d’un spécialiste en orthophonie, si nécessaire.

Biographie

Pédiatre, Gaëlle Vekemans a suivi sa formation à l’hôpital Sainte-Justine en 1998 et s’est ensuite jointe à l’équipe de la Cité-de-la-Santé de Laval. Depuis 2001, elle pratique la pédiatrie générale à la clinique Plexo Médiclub du Sanctuaire, à Montréal. Elle est l’auteure de L’ABC de la santé des enfants, publié en 2013 aux éditions La Presse. Son rôle principal reste cependant celui d’être une maman comblée de trois filles.

Source : http://plus.lapresse.ca